Binas

De gueules au chevron d’argent accompagné en chef de deux étoiles du même et en pointe d’une merlette d’or, au chef cousu d’azur chargé d’une aigle issante d’or

Le champ de gueules et les étoiles d’argent rappellent les armes anciennes des TERRAT, qui furent seigneurs de Binas et marquis de Chantôme à la fin du XVII° siècle, bienfaiteurs de la commune, puisqu’un TERRAT créa un hôpital de charité à Binas. La merlette d’or évoque les armes des BEAUVILLIERS (fascé d’argent et de sinople, les fasces d’argent chargées de six merlettes de gueules) qui furent seigneurs du Lude et de Binas du X° au XVI° siècle. Quant au chef d’azur chargé d’une aigle d’or, ce sont les principaux éléments des armes de Sulpice d’Ouer, curé de Binas au XV° siècle et autre bienfaiteur de la commune.

BINAS
BINAIZ vers 1270, d’un nom d’homme ( BINATIUS ?), ancien diocèse de Chartres. La terre de CHANTÔME fut érigée en marquisat en 1696; son château et la chapelle furent détruits au XIX° siècle. Une chapelle St Jean existait jadis à BLAINVILLE.

Commune d’une superficie de 2638 ha dont environ 2500 en terres cultivées. Production de céréales, de cultures porte-graines et de melons (le Fruité de Binas). 16 commerçants et artisans. Altitude: 128 m . Population: 718 habitants en octobre 2005.

Hameaux de la commune de BINAS

ABLAINVILLE, MENAINVILLE, PREAUX, BOUSSY, CHANTÔME, LA FOLLETIERE et VALLIERES

L’église de BINAS est dédiée à St Maurice, la seule du diocèse, l’une des rares de la région. D’après le Dr LESUEUR, elle daterait du XVI° siècle, mais un autre édifice existait certainement avant, ainsi en témoigne une croix de consécration située sur le mur extérieur du chevet. Elle daterait du XII° siècle. Vers 1630, le curé de cette église fut tué à son autel par le seigneur baron de MENAINVILLE. Depuis, les prêtres portent le titre de curé-baron et ont le droit de dire la messe avec des pistolets chargés sur l’autel et deux dogues attachés à la porte de l’église.

A l’origine, elle avait une nef et un chevet plat (façade actuelle) couverts d’une charpente lambrissée. Le collatéral nord date de la fin du XVI° siècle, les murs s’appuyant sur les contreforts du clocher. Au XVII°, l’église reçut des voutes de pierre. En 1865, elle fut complètement transformée. La porte se trouve maintenant là où se trouvait le chevet. Une abside polygonale fut construite à l’ouest et un bas-côté fut ajouté au sud. De ce fait, elle se trouve désorientée. Des travaux de restauration furent effectués en 1982.

Le clocher:  ce beffroi carré d’une hauteur de 27 mètres domine la plaine de Beauce. La partie haute, plusieurs fois reconstruite (dernière reconstruction inscrite sur le bandeau de pierre en 1773 ),  s’appuie sur une base plus ancienne. Il abrite trois cloches: Victoire ( mi-bémol, 350 kgs,1809), Marie-Thérèse (do, 230 kgs, 1972), Marie-Eugénie (ré, 150 kgs, 1972).

La paroisse possédait deux autres lieux de culte:
– au hameau de CHANTÔME, une chapelle (détruite à la révolution) fut fondée en 1640 par Jacques FLEURTEAU.
– au hameau d’ABLAINVILLE, une chapelle construite au XII° siècle servait pour l’hôpital des chevaliers de St Jean de Jérusalem.
Une stèle du XIII° replacée au centre du village porte les attributs de ces moines-soldats: une épée, un ciboire et son hostie.
Enterrée à la Révolution, elle ne fut retrouvée qu’en 1962 lors des travaux d’adduction d’eau. Un cadran solaire fut gravé probablement au XVI° siècle.

Monument de la guerre de 1870
Inscription:
COMBAT DU 25 OCTOBRE 1870
AUX FRANCS-TIREURS
DE ST DENIS (SEINE & MARNE) ET A
LEURS FRERES D’ARMES DE L’ARMEE
REGULIERE TOMBES POUR LA
DEFENSE DU BOURG DE BINAS
LES HABITANTS RECONNAISSANTS

 

 

 

Les éléments constitutifs de cette page ont été obligeamment transmis par monsieur DUTRAY,  ancien maire de BINAS.
Photos originales: Mme FERNANDEZ
BINAS HIER ET AUJOURD’HUI
Une centenaire à BINAS
Les centenaires sont à la mode, on les fête un peu partout. A Binas, comme dans de nombreuses communes de France, nous avons aussi notre centenaire. Tout le monde la connaît, elle ne fait pas de bruit, ne se plaint jamais et n’a pas besoin de beaucoup de soins. Ses traits sont restés jeunes, pas une ride, et pourtant elle en a connu des moments de tristesse, de joie, de bonheur
Et oui, notre Marianne a eu cent ans, arrivée dans notre mairie en 1902.

Elle a assisté à 584 mariages, entendu les consentements de 584 couples se jurant fidélité et assistance. Si la plupart ont tenu le coup, malheureusement un certain nombre se sont déchirés, souvent au détriment des enfants, victimes innocentes des querelles d’adultes.

Elle a regardé inscrire ou transcrire 1257 naissances avec 2 années à trente et plus de naissances, 17 années entre 20 et 30, 46 années entre 10 et 20, le maximum de 33 en 1910. Les premières naissances hors commune, c’est à dire les premières transcriptions, datent de 1959. La dernière naissance dans notre commune a eu lieu en 1966. Depuis tous les enfants sont nés hors commune.

Malheureusement elle a vu inscrire ou transcrire 1291 décès, avec 11 années à 20 et plus de décès, 55 années entre 10 et 20, le maximum avec 28 décès en 1909.

Elle a assisté, imperturbable, à 668 séances du conseil municipal, séances parfois houleuses, parfois consensuelles, chacun étant persuadé d’avoir raison.
Elle a vu défiler 90 têtes différentes, tous gens de bonne volonté mais affligés d’un défaut de vision. En effet, certains voient rouge ce que d’autres voient blanc et vice versa.
Parmi toutes ces personnes, 8 ont dirigé notre commune.

Notre Marianne a connu deux grandes guerres où se sont entre-tués des millions de personnes.

Elle a assisté au bouleversement de l’agriculture, vu arriver les premières autos, les premiers tracteurs, l’électricité, l’eau courante.

Elle a aussi changé plusieurs fois de logement.

Elle a bien vécu son siècle.

Souhaitons-nous de pouvoir la contempler encore longtemps.

Bon anniversaire Marianne.
Georges Cheron



Ablainville

C’est avec le néolithique que les premiers agriculteurs s’établirent ici ainsi qu’en témoignent les nombreux outils en silex trouvés dans les champs. Puis, à l’époque gauloise, une route reliant Châteaudun à Beaugency traversait le village. Les gallo-romains laissèrent de nombreux vestiges de leurs villas. Si l’époque mérovingienne est moins connue, il ne fait aucun doute que le village fût habité.

Dès le début du XI ème siècle ARBLANIVILLA ( Ablainville ) est signalé dans de nombreux documents.

Au XII ème siècle, les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem y établirent un hôpital et y construisirent une chapelle. C’était une des rares commanderies que les chevaliers possédaient dans le pays beauceron.

En 1212, Thibault, comte de Blois donne aux chevaliers son bois des Sablons.

En 1227 Alice de Rouillez, dame de Beaugency, lègue aux frères de l’hôpital 1/5 de son héritage pour servir à reconstruire leur maison d’Ablainville. Elle leur donne en outre ses biens meubles, ses créances, ses vêtements, ses joyaux à l’exception d’un grand anneau d’or avec une pierre polie qu’elle réserve à ses héritiers et, comme les hospitaliers l’avaient fait participer aux bienfaits spirituels de leur ordre, elle promit de maintenir intégralement la donation et de ne choisir sa sépulture ailleurs que dans la chapelle de l’hôpital.

La commanderie possédait plusieurs fermes. Une cloche pour la chapelle fut bénie en 1746. Les offices étaient célébrés deux fois par semaine en 1780, par le curé-baron de Binas.
Elle fut vendue comme bien national à la révolution. Des restes sont encore visibles, notamment une belle croix grecque qui rappelle l’origine orientale des chevaliers.

Deux maisons hautes sont probablement des vestiges de l’hôpital. Sur l’une d’elles on remarque un linteau sculpté.

A la sortie ouest d’Ablainville, à gauche, en allant vers Binas se dresse une croix de chemin en fer. Au pied de cette croix se trouve une pierre des morts, ou pierre de repos. On y déposait les cercueils pour soulager les porteurs. A cette occasion l’assistance disait une prière.

En face de cette croix, en 1962, lors de travaux d’adduction d’eau, avec sa pelleteuse l’ouvrier chargé de creuser les tranchées mit à jour deux fûts de pierre. Il allait les charger dans une benne pour les évacuer vers la décharge, lorsque intervint un passionné d’histoire qui pressentit tout l’intérêt de ces pierres et les fit mettre de côté. Restées un certain temps au pied de la croix, elles furent finalement rapatriées au village et mises en lieu sûr.

Le fût reconstitué ( 0,98+ 0,82 m ) d’un diamètre de 0,23 m est sculpté en ronde-bosse.Une épée mesurant 1,44 m est dressée la pointe en bas; à sa partie supérieure un écusson porte un ciboire est surmonté d’une hostie. Sous le ciboire est gravé un cadran solaire. La présence de ce dernier sur une croix est une chose rarissime.

Sous l’actuelle croix se trouvait un socle de belle dimension qui possède en son centre une cavité qui correspond à la base de la colonne.

Pas de doute ces deux éléments étaient faits l’un pour l’autre. L’idée de les rassembler et de les mettre sur la place du village se fit jour dans la tête d’une poignée de passionnés. C’est chose faite aujourd’hui, magnifiquement restaurée par Mr Chevallier-Lacombe, le sculpteur bien connu, et financée par la municipalité qu’il convient de féliciter pour ce geste de conservation du patrimoine.

Quel était l’emplacement primitif de cette croix ? On peut supposer que c’était le centre du village où a été aménagée une place dans le premier quart du siècle dernier. Une pierre rectangulaire est restée dégagée. On la dénomme «  pierre de la Johannée  » ( la ferme populaire de Jean vient de Johannes ). N’est-ce pas l’emplacement primitif de cette croix de pierre que l’on a voulu matérialiser lors du déplacement de celle-ci.

Sur cette place, dès 1819 se tenait une assemblée fixée au 24 juin ( jour de la St Jean ) pour le louage des domestiques.

Maintenant que leur premier rêve s’est réalisé, cette poignée de passionnés en a fait un autre : surmonter cette stèle de pierre d’une croix.

Judicieusement conseillés par Mr Prudhomme ( dont l’épouse était originaire d’Ablainville ) ces mordus verraient très bien une croix rappelant un ordre chevaleresque. Pourquoi pas une croix de pierre?

C’est chose faite. Le rêve est devenu réalité. Une croix de pierre rappelant la croix de la chapelle coiffe aujourd’hui cette magnifique colonne.

De tels exemples de croix ne se trouvent pas à toutes les croisées de chemins, un tel patrimoine mérite d’être conservé. C’est vraiment grâce à la chance que l’on peut admirer cette magnifique colonne de pierre.

Renseignements et photographies: Georges CHERON

 

Ablainville

Ce n’est qu’un petit hameau
Egaré dans la grande plaine,
Sans curiosités ni château
Balayé du vent de galerne.

Dans ce véritable océan
De guérets et de céréales,
Je me revois, petit enfant,
Courant dans les fortes rafales.

Envouté par la plaine immense
Comme on l’est par le grand désert,
J’y passais d’heureuses vacances:
C’était pour moi tout l’univers.

J’ai toujours gardé dans mon coeur
Le nom de ce petit village,
Inconnu des grands voyageurs
Et des agences de voyage.

Quand je redis son nom
Hélas mon coeur se serre,
Un pli creuse mon front
Puis un pleur perle à ma paupière.

Seul, le petit village, endormi dans la plaine
Se repose, bien loin de tous les grands parcours,
Et tout autour de lui, dans une paix sereine,
Pointent tous les clochers des gros bourgs d’alentour.

Là, sur le grand plateau, le vent de son haleine
Vient rider les moissons ou lécher les guérets.
Alouettes, là-haut, vos tirelis s’égrennent
Accompagnant de chants les plaisirs de l’été.

Des vols de corbeaux noirs, dans les brumes d’hiver,
Viennent jeter sur toi leur voile de tristesse.
Dans les brouillards épais, sous un ciel gris de fer
Gisent tous les secrets de ma jeunesse,
De mes rêves d’enfant
Emportés par le vent.

             Marceau Prudhomme 1964

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