Prénouvellon

D’argent aux deux fasces de gueules accompagnées de six merlettes de sable ordonnées en orle, 3, 2 et 1 ; à la branche d’aubépine, fleurie d’une pièce du champ, tigée et feuillée de deux pièces de sinople, fruitée de deux cenelles ou poires d’oiseau aussi de gueules. (création : Jean-Paul Fernon)

Etymologie du nom de la commune:  l’interprétation paraissant la plus plausible se trouve dans le recueil de Melle Noëlle Bonnamy. De PERREIO en 1125 (cartulaire de l’abbaye de Tiron) à PEREIO NEVELONIS en 1139 (cartulaire de l’abbaye de Châteaudun), ces vocables étant dérivés de « père ésio » désignant la cenelle, fruit de l’aubépine, un peu partout considérée « poire d’oiseau ». En parler beauceron, père =poire et ésio=oiseau. Nevelo ou Nivelo-onis  indiquant le seigneur de Fréteval.

L’ église Saint-Lubin  date du XIIème siècle et a été remaniée au XVIème siècle : nef à bas-côtés, bas-côté sud et abside à 3 pans modernes, portail en tiers-point sous un oculus, voûtes d’ogives en brique et plâtre XIXème siècle. L’église a été récemment entièrement restaurée.

Monuments et sites remarquables:  le dolmen de la Rousselière, le colombier de Seronville.

Commune à vocation agricole. Quelques cultures spécialisées commencent à se développer: maïs doux, soja, bourrache, chênes truffiers.
Plusieurs artisans sont implantés.

Notes sur l’étymologie du nom : Prénouvellon (ouvrage rédigé par Madame Noelle BONAMY-LANGE/janvier 1987)

Au premier abord, on peut penser qu’un pré ayant appartenu à Nouvellon fut à l’origine de ce nom; il n’en est rien.

Indiquerait-il un lieu pierreux, comme en Perreuse ou la Perrière? Vraisemblablement non.

Son étymologie présente des particularités plus complexes.

Aux premiers siècles de notre ère, après la conquête romaine, notre village fut appelé:

PIRETUM

D’après J. Soyer, dans «  Notes sur l’étymologie de quelques noms de lieux du département du Loir-et-Cher », Piretum serait issu de « pirus » signifiant «poirier » ; le suffixe « étum » indiquant une collectivité, Piretum aurait alors désigné un lieu planté de poiriers.

Cependant – toute déférence gardée à l’auteur pour la somme et la qualité de ses oeuvres – cette définition, valable en d’autres terres, est invraisemblable en Beauce. (1 )

Mais il est certain que, très tôt, ce village fut nommé par son peuple :

PERREIO PEREIO PIREIO…..

et écrit sous l’une ou l’autre de ces formes, selon le scribe de l’époque et du lieu.

C’est ainsi qu’au sujet d’échanges de terres, de baux, de dons, on relève dans le cartulaire de l’abbaye de Tiron, dans le Dunois, dont faisait partie ce village:

Perreio en 1125 – Pereium en 1126 – Pireio en 1129 – Pereo en 1131 – Pereio en 1135 – Perei en 1150 ( ces indications sont dues à B. Legrand )

Ces vocables, selon moi, sont dérivés de « père  esio », désignant la cenelle, fruit de l’aubépine, un peu partout considérée «  poire d’oiseau ». En parler beauceron des plus anciens, père = poire et ésio = oiseau. ( 2 )

En 1139, la bulle du pape Innocent II «  Gallia Christiana » mentionne à la nomination de l’abbaye de Beaugency: Ecclésia Sanctus Leobinus de Pireto ( église Saint-Lubin ).

Puis, en 1190, dans le cartulaire de l’abbaye de la Madeleine, de Châteaudun, de Merlet et Jarry, on lit: Pereio Nevelonis.

Et en 1264, sur le cartulaire de Tiron, au sujet de la métairie de Chardonelles, on trouve: Pereyo Nevelonis.

L’un et l’autre de ces vocables indiquent l’appartenance de ce lieu à Nevelo ou Nivelo-onis, seigneur de Fréteval. ( J. Soyer )

Puis, l’évolution de l’écriture fit apparaître:

Perai Nevelonis

qui devint ensuite, selon la règle générale:

Peray Nevelonis

et par contraction courante dans le langage et l’écriture:

Pray Nevelonis

Mais, de bonne heure, selon Soyer, ce nom « Pray » fut confondu avec le mot « pré »= »prairie », et l’on relève alors, à la fin du XVème siècle:

Pratum Nevelonis

Puis, l’expression latine disparut, et on écrivit en langue française:

Pre Nouvelon

La forme actuelle finit par s’imposer et l’on écrit maintenant:

Prénouvellon

Conclusion – Après avis d’éminents spécialistes, il est parfaitement crédible qu’en ce lieu- clairière ou lisière de bois où abondaient les aubépines- quelques huttes ont été à l’origine de Prénouvellon et de son nom…. son bien joli nom.

(1) A quelques exceptions près, le poirier pousse assez mal en Beauce. Il a besoin d’un sol d’alluvions et non calcaire.

« En Beauce, on voué du pergnié, mé jamé biocoup d’pouérié ».

Cet arbre, plus que d’autres, a besoin d’air, d’espace. Même à l’état sauvage, se reproduisant par drageons, il ne peut fournir que de très petits taillis, non un ensemble important. ( Langé, Vedel, Luzu )

Les fruits à pépins donnent rarement une plantule apte à se développer sous l’arbre qui les a produits, ou à proximité, d’où une répartition disséminée plutôt que groupée.

(2) La cenelle, vue « poire d’oiseau » donnant ici « père ésio » ou « Pérésio », porte encore selon les régions, le nom de : poirette, poire du seigneur, poire de diable, petite poire du bon Dieu, épouache, pouésine, pouéarine.

Et l’aubépine est appelée : pouarotié, péritié, péri de St Jean.

Le village, dit « POUESIO », devenu « POISEAUX », commune d’Epieds en Beauce, a le même sens étymologique que « PEREIO » ( poire et oiseau) et confirme mon hypothèse.Il est d’ailleurs situé près d’une ferme nommée « Limoron », signifiant «  le bois à Moron ».

(Remarque faite par B. Legrand de la Société archéologique du Dunois)

N.B. Certaines notes m’ont été communiquées par A. Prudhomme et J. Martin-Damezil, de la Société des Sciences et Lettres du Loir-et-Cher.

Compléments sur l’histoire de PEREIO NEVELONIS (ouvrage de Madame Noelle BONAMY-LANGE /janvier 1987)

Comme je le vois, né de part et d’autre de la voie terreuse Beaugency-Châteaudun, PEREIO s’est étendu le long de celle-ci, mais son coeur s’est formé dans l’enceinte comprise entre ce lieu de passage et la « petite rue » ou « rue de l’église », où se trouvait alors le prieuré-cure et ses dépendances. ( Un prieuré-cure comprenait habituellement trois religieux dont le prieur était curé de la paroisse, les autres assurant les ministères de sous-prieur, chantre, sacristain, cellerier, infirmier, aumonier…)

Après la sage administration de Charlemagne favorable à la paysannerie, puis passé le cap de l’An 1000, l’évolution de notre village est constatée:

* Il reçoit le nom de son seigneur et devient PEREIO NEVELONIS.
* La construction de son église, sans doute en remplacement d’un lieu de culte vétuste, est entreprise.
* Sa plus ancienne institution – la paroisse- est devenue prospère. Ses biens sont mentionnés dans la bulle du pape de 1139 «  Gallia Christiana »; ils comportent les revenus de : Terram de FEUCIS – Terram de SUSVINNAI – Terram de MESLOUN – Terram de PIRETO SUPER MALVAM – Terram de CASTRIS – Terram de VILLEMAIN – Terram de TAUPENNES – Molini de PORTA ( moitié du moulin) – Molini de TAVERS. ( Cartulaire de Beaugency)

*La commune s’érige et devient le siège d’une prévôté, donc administrée par un agent domanial placé par le roi ou le seigneur, ayant la charge de percevoir les impôts, les revenus, de rendre la justice, de réglementer la vie communale…
*Plusieurs seigneurs y ont des fiefs importants et de grand rapport : le dernier seigneur de Seronville, Jean-Baptiste d’Auray, possédait en même temps Lierville, de Verdes. Il est connu par le grand procès qu’il soutint et gagna contre le marquis de Sauveboeuf, lieutenant-général des armées du roi, dont le fils, le marquis Pierre de Buffiès, avait tué le jeune seigneur de Lierville, fils de J. B. d’Auray de Seronville. ( Histoire du Comté du Dunois, de Bordas) ( Notes d’A. Prudhomme)

Cette seigneurie passa ensuite aux mains des Bénédictins de Bonne-Nouvelle d’Orléans; puis elle fut transformée en ferme qui conserve encore d’authentiques et nombreux vestiges de son passé.
*La ferme de Villiers-le-Hard fut également autrefois château et seigneurie.
*Et le lieu-dit « La Baronnette » ne fut-il pas aussi la propriété d’un baron ou d’une baronne?

Malgré des améliorations notables, le peuple souffre encore, par périodes surtout, de nombreux maux: famines, épidémies, morts prématurées, redevances de toutes sortes, pertes d’animaux domestiques ou de récoltes, etc…

Au XVème siècle, de sa royale demeure de Cléry, Louis XI – ce grand roi dont on a parfois médit – prend le village de Pré Nouvelon en considération et le gratifie d’une foire annuelle qui devint l’une des plus importantes de la contrée. (voir photos ci-dessous: Fête de St Lubin vers 1925)

Je suggère qu’étant donné le développement de l’agriculture et de l’élevage à cette époque, le mot « pratum » = « prairie »  en remplacement de « Piretum » indiquant un lieu boisé, peut s’expliquer, non par confusion, mais par réalisation effective.

Les recherches étymologiques et historiques sont extraites de l’ouvrage de Madame Noelle BONAMY-LANGE. Prénouvellon-janvier 1987.

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