Thiville

Ce village est depuis longtemps implanté en beauce car les chartes de l’abbaye de St Avit le nomment en 1172 sous le nom de tealami-villa, puis c’est tiévilla en 1206. Cent ans plus tard, le polyptyque de Chartres désigne ce lieu tyvilla. Un pouillé de 1736 cite l’église de Notre Dame de Thiville. Si celle-ci ne porte guère de traces d’une époque reculée, il faut noter que Thiville fut longtemps chef lieu d’une prébende du chapitre de Notre Dame de Chartres appelée prébende de dunois, deuxième portion. Son but, prélever des impôts dans les prétrières de Bapaume, Beaumont les Cloyes. Civry. Conie, Donnemain. Eteauville, St Christophe, St Laurent des Bois. Thiville, Varize et Vaudrenet.

A peu près située au centre du village, l’église est fort simple. En voici un aperçu. Cimetière au levant, presbytère au couchant, son vaisseau est de forme rectangulaire avec extrémités fermées par des pignons dont l’un est flanqué de contreforts en pierre de taille avec porte et fenêtres.L’autre est plus ornementé et date du xvème siècle, fenêtre ogivale, deux contreforts accolés aux angles et figures apocalyptiques à la base. Les murs latéraux sont construits comme les pignons. La façade nord est percée de quatre fenêtres avec contreforts. Au dessus de la muraille, un entablement est soutenu par des corbeaux. L’ensemble fut rallongé au xvème siècle. La porte d’entrée avec porche est au midi, à noter que les églises sont en principe orientées à l’ouest avec porte principale de ce côte. Le porche a donc pour but de protéger l’entrée de la pluie et du vent. La porte sud par contre est moins exposée aux intempéries mais bénéficie aussi d’un porche dans certains cas.

Le clocher est une forte tour quadrangulaire avec flèche élancée en charpente couverte d’ardoises. La tour a des contreforts à ressauts avec quatre galbes aux pignons à rampants de pierre. Des fenêtres éclairent l’ensemble. Les galbes sont reliés au point d’intersection qui répond à la partie centrale de la flèche. L’élévation est de 45 à 50 m au dessus de la plaine. l’ensemble est moderne dans sa partie haute, car l’ancienne flèche fut détruite par la foudre le 8 juin 1859. Tout le vaisseau est couvert en tuiles.

Maintenant voyons l’intérieur. Vaisseau assez spacieux, bien éclairé avec nef, choeur et sanctuaire voûté en bardeau, parois lambrissées par endroits. Les peintures sont un peu crues et le retable est en trois compartiments. Un petit tabernacle style Louis XV surmonte l’autel. L’ensemble fût retouché à plusieurs époques. Le presbytère est peut-être XIIème siècle, la Tour est XIIème et le chevet XVème.

 

Avant la révolution, l’église, sous le vocable de Notre Dame, avait curé, vicaire, et dépendait du chapitre de Notre Dame de Chartres. Ce puissant chapitre était depuis plusieurs siècles gros propriétaire dans la paroisse. De ce fait, en 1133, le pape Innocent II, dans une bulle adressée à Geoffroy II évêque de Chartres, confirma la propriété des possessions à Thiville. Il ordonna aussi que les hommes comme les laïques libres puissent témoigner le cas échéant, charte du Roi Louis le Gros le 14 avril 1129.

Thiville avait un seigneur laïque, Guillaume de Thiville, cité comme témoin dans un règlement de droits d’église sur des métairies, charte du 1179. Il signa aussi le 17 avril 1206 une charte de vente au chapitre de Chartres de la mairie de Jupeau, de Thiville, et tous biens en dépendant, terres, moulins, etc…

Mais qu’étaient à l’époque maires et mairies ? S’appelaient ainsi les officiers ruraux du chapitre, juges de paix, commissaires de police, intendants, etc… Ces personnes, venant du servage, devinrent vite des personnages et fin XIème siècle, ils parvinrent à rendre leurs offices héréditaires. En conséquence, au XIIIème siècle, des seigneurs, Guillaume de Jupeau, Miles de Chavemai etc… vendirent la mairie de Jupeau et Thiville au chapitre de Notre Dame.

Les maires relevaient des prévôts et un certain nombre de maires se trouvaient dans les prébendes, couvrant ainsi le sol beauceron . Une mairie comprenait : hébergements ou fermes, des hospices etc… et de nombreux droits féodaux. Mais le chapitre se réservait les lods (droits de mutation) et ventes ou rachats des biens importants. Comme fiefs des maires, les mairies présentaient souvent hébergement, 40 arpents de terre, deux batteurs en grange etc… et un denier par bornage. Ainsi, certaines mairies furent très enviées et les moines les rachetèrent.

En 1569, Jacques de Thiville rachète au chapitre de Chartres la prétrière de Cloyes et la mairie de Charray. Le nom de Thiville a été longtemps porté par une même famille car, dès la fin du XII ème siècle, on constate l’existence de Guillaume de Thiville, en 1638 Nicolas de Thiville premier baron du Vendômois, époux de Suzanne de Gratemesnil,. vers 1650 Jacques de Thiville- Bapaume. En 1711, le 6 mai. sont mariés en l’église de la Madeleine de Châteaudun, messire Frédéric François de Commarges… seigneur de … et damoiselle Anne Angélique de François, fille de dame Angélique de Thiville de Bapaume. Longtemps il exista deux branches de la famille de Thiville. Les registres de la Paroisse St Valérien de Châteaudun renferment l’acte de décès d’un de ses membres.

Fut inhumée, le 19 octobre 1771, dans le choeur de la chapelle du Champdé, Marie Thérèse Dufresne de Rousset, âgée de 80 ans environ. Elle était veuve d’Alphonse Auguste Comte de Thiville. Inhumé aussi, le capitaine de Thiville qui avait été blessé à la bataille de Loigny le 2 décembre 1870 ; il figure parmi les noms des combattants de cette guerre.

De 1640 à 1792. 8 curés ont administré l’église. Thiville avait son siège de justice avant l’abolition de la féodalité, mais, dès la fin du XIIème siècle, c’étaient les chanoines de Notre Dame de Chartres qui tenaient une audience pour la seconde portion de la prébende de Dunois. Des actes du mois de septembre 1207 confirment que la haute justice dans la seigneurie de Thiville est adjugée au chapitre de Chartres, qui tient ainsi un rôle important.

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Le sous-sol est caractérisé par le calcaire de Beauce et, en surface, la culture des céréales prédomine. La vigne qui occupait plusieurs hectares a disparu, adieu piquette !

Dans le bourg de Thiville, la ferme de la Grand’Cour a gardé quelques souvenirs du passé. Deux petites tourelles à base de pierre de taille accompagnent une entrée avec porte charretière. Des petites meurtrières taillées dans la pierre se montrent à l’extérieur des tourelles. Une petite porte est surmontée d’une belle pierre qui, en un temps, fut sculptée.

Non loin du village, l’importante ferme de Villechêvre a, depuis longtemps, perdu les traces intéressantes de son passé. Villa Caproe vers 1240, Villechesvre en 1293, elle est Villechêvre en 1587. A cette époque, c’était un manoir seigneurial qui appartenait à François de Fauville. Un siècle plus tard, cette seigneurie appartient au sieur du Crotet. Il est suivi de Pierre Goislard, secrétaire du Roi vers 1760. C’est sous le nom de Pierre Goislard de Villebresne, seigneur de Villechêvre et autres lieux qu’il fût inhumé dans la nef de la Madeleine de Châteaudun le 30 octobre 1769.

Pendant longtemps, Villechêvre a été entouré d’avenues, de grands arbres, fossés, taillis, etc… mais le système beauceron a vite détruit tout ce qui ici empêchait la charrue de passer. Le résultat est connu, c’est l’ombre disparue et le paysage monotone de la Beauce qui s’étend partout, mais peu importe, puisque les écus remplissent l’escarcelle des paysans !

 

La ferme de la Chaise, dite la Chieze en 1296, avait château à cette époque. En 1374, ce lieu était propriété de Jean Duplessis, seigneur de la Chaise.

Cartes postales et photos présentées dans le diaporama:

La grande rue
Carte postale transmise par Mme Nicole Granger-Jouve et publiée avec son aimable autorisation

Carrière de Villangeard

Château de Champromain

Château de Touchaillou

Les conscrits

Photos de Thiville et alentours

Thiville – La gare

Thiville- L’église

Thiville – La plaine

Documents sur Thiville au format pdf

Article de presse sur le mariage de Catherine de Thiville de Rochevert

Faire-part de décès de Madame GRIGNON de MONTIGNY

Les textes, documents et photos ont été aimablement fournis par monsieur Pierre MUTIN, ancien maire de THIVILLE.

Carte postale grande rue: Mme Nicole GRANGER-JOUVE



Thiville s’est successivement appelé : Tealani-Villa, 1172 (charte de l’abbaye de Saint-Avit près Châteaudun).
Tievilla, 1206 (charte du chapitre de Chartres)
Tyvilla, 1300 (polyptique du chapitre de Notre-Dame de Chartres)
Tiville, 1327 (charte du chapitre de Saint-André de Châteaudun)
Notre-Dame de Thiville, 1736 (pouillé)
Thiville était le chef-lieu d’une prébende du chapitre de Chartres, appelée aussi Prébende de Dunois, 2ème portion, dont dépendaient les prètrières de Bapaume, Beaumont-lès-Cloyes, Civry, Conie, Donnemain, Eteauville, Pareau, Saint-Christophe, Saint-Laurent-des-Bois, Thiville, Varize et Vaudrenet.

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